Le système médical en ISRAEL
Historique:
L’émigration du début du siècle a été presque exclusivement faite de juifs russes à l’esprit socialiste, « communiste », expliquant la création des kibboutzim et autres structures agricoles apparentées (moshavim). De même fut créé un syndicat ouvrier tout puissant, propriétaire des usines et de tous les biens fonciers et mobiliers du pays: la HISTADROUT. Cela explique que le système médical adopté en 1948 à la création de l’Etat fut de type communiste, à savoir une médecine étatisée.
Mais au fil des années, le système s’est libéralisé, avec la création de nouvelles koupot holim Meouhedet, Macabi et Leoumit.
De plus, depuis janvier 1995, il existe un nouveau système de santé où tous les citoyens sont assurés, et ont le droit à un ensemble de services fixés par le ministère de la Santé et le gouvernement, en échange d’une cotisation obligatoire représentant 5 % de leurs revenus déclarés. Ils ont aussi maintenant le droit de choisir leur caisse de maladies, au nombre de 4. Celles-ci sont l’équivalent des mutuelles en France, avec un choix de médecins sur une liste limitative, un ensemble de services limités, et une participation financière médico-pharmaceutique basse du patient.
Tout citoyen est soigné sans distinction de race ou de religion, et quelque soit son état de santé.
Chaque caisse propose de plus une “assurance complémentaire” qui assure une partie de ce qui n’est pas couvert par les services minimum de base, et même aujourd’hui chacune des caisses propose une « super-assurance complémentaire ».
La population n’est pas habituée à payer l’acte médical, puisque le médecin est toujours “honoré” par tiers payant par les caisses, et de façon forfaitaire pour un patient par trimestre, quel que soit le nombre d’actes.
Il existe malgré tout une médecine privée, très peu usitée par le public car onéreuse.
Ainsi aujourd’hui cohabitent plusieurs systèmes que nous allons voir en détail : hospitalier et médecine dite « de ville ».
Hopitaux
– Sur le plan administratif, il existe 4 types d’hôpitaux, par ordre de fréquence décroissante
– hôpitaux privés : représentant la majorité, gérés par des organismes privés, ayant des accords avec les caisses de maladie (comme les cliniques en France) comme par exemple HADASSAH.
– hôpitaux appartenant aux koupot holim: essentiellement Clalit, mais récemment aussi MACABI ou Meouhedet.
-hôpitaux semi privés: dont les fonds de gestion proviennent en partie de la municipalité, et privés.
– hôpitaux dits gouvernementaux: très rares et les plus récents; ils dépendent seulement de l’Etat.
– Sur le plan universitaire, tous les hôpitaux dépendent du C.H.U. de la ville la plus proche.
L’équipement médico-hospitalier est variable selon l’ancienneté de l’hôpital, mais en général excellent et moderne. Le niveau médical des médecins est extraordinairement élevé. Les études médicales durent 8 ans, avec de très nombreux stages dans tous les services. Toute spécialité dure au moins 4 ans et demi, avec une formation calquée sur le système des U.S.A., le même type d’examens et le même enseignement. Tout spécialiste qui veut poursuivre une carrière hospitalière doit en général après sa spécialité (ou au cours) aller 2 ans aux U.S.A. dans un grand hôpital faire une sous (ou super) spécialisation. Ainsi la médecine hospitalière en ISRAEL est-elle de très haut niveau et d’excellente qualité.
2°) Médecine praticienne :
Depuis janvier 1995, il existe 4 koupot holim se rapprochant des » mutuelles » françaises. Il s’agit d’organismes privés totalement « indépendants », et quelques assurances médicales privées.
- Chaque koupa a ses dispensaires où des médecins travaillent comme salariés ou indépendants.
- Il existe également des cabinets privés avec accord avec les koupot. Chaque citoyen peut choisir sa koupat holim, qui propose une longue liste de médecins. Le cotisant choisit son médecin généraliste, et peut aller chez le spécialiste qu’il désire directement. Les médicaments sont délivrés pour une somme symbolique; les examens de laboratoires sont gratuits, et l’accès aux hôpitaux dépend d’accords de la « caisse » avec des hôpitaux. Le médecin reçoit un forfait trimestriel par patient examiné. Ce forfait (équivalent à 50 Euros) permet au patient d’aller chez son médecin autant de fois qu’il le désire dans le trimestre, et peut changer de médecin tous les 3 mois.
Le défaut de ce système est d’entraîner des consultations très chargées avec des honoraires très bas, ce qui ne permet pas la pratique d’une médecine de qualité.
Il se développe maintenant une médecine totalement privée « à la française » c’est à dire paiement à l’acte avec choix personnel du médecin, plus compatible avec une médecine de qualité dite « libérale ».
3°) Médecine de soins préventifs :
Il existe dans chaque ville ou village, des centres de dépistage dits « centre de santé de la famille » ou « centre pour la mère et l’enfant », ou encore » gouttes de lait ».
Les nourrissons sont suivis de la naissance jusqu’à l’âge de 3 ans sur le plan développement psychomoteur et staturo-pondéral, et reçoivent tous les vaccins. C’est l’équivalent des centres de protection maternelle et infantile français, mais ici ce système est obligatoire. Le pédiatre du centre ne peut que dépister et n’a pas le droit de traiter.
Les mères peuvent être suivies pendant leur grossesse par infirmière et gynécologue.
La cotisation forfaitaire pour tout le cycle de la mère et ou de l’enfant est modérée.
– L’informatisation obligatoire de nos cabinets depuis janvier 1999: achat par le médecin d’un ordinateur, et d’un programme médical fixé et vendu par la caisse de maladie (différent d’une caisse à l’autre). Ce programme est standard, monomorphe quel que soit le type d’exercice de médecine (générale ou spécialité, et quelle que soit la spécialité).
Les ordinateurs des cabinets sont reliés par modem au terminal central de la caisse “on line” par ligne Internet.
En conclusion, l’Etat d’Israël a eu à sa création en 1948 un système médical « socialiste »: étatisé. Mais depuis s’est développé un système de soins plus libéral et plus adapté aux nouveaux immigrants venus de pays occidentaux ou d’Amérique.
Cela explique la cohabitation d’une médecine praticienne, et d’une médecine hospitalière de très haute qualité.
Gérard KORCHIA, Pédiatre à Jérusalem, Ancien Interne des hôpitaux de PARIS, Président du MEDIF